Leur quotidien est une lutte permanente contre l’adversité de la vie en plein air. Contre la misère, contre le regard oblique des passants, qui oublient parfois que les enfants de la rue sont des humains. De ce mépris, sont nées certaines dérives de comportement qui font des enfants de la rue des proies pour des pédophiles. Souvent abandonnées à eux-mêmes. Ces enfants développent des gestes de survie allant même jusqu’à l’agressivité. Au marché de dembé, en attendant que le taximan ne bénéficie de la chaussée pour stationner sa voiture, ces derniers bénéficient de l’extrême gentillesse de quelques enfants vêtus des haillons. Ils descendent les effets de la voiture avec une douceur, de la tendresse même. Ainsi, avant que la voiture ne repart, les petits anges auront eu le temps de demander avec la même gentillesse, avec en plus cette fois un brin de supplication dans la voix « chan Allah ». Ces gentils mômes sont des enfants de la rue. L’argent qu’ils prennent aux conducteurs et aux passagers, ce n’est pas toujours pour manger mais pour se droguer avec des « Tramols » malheureusement. Ce commun de mortel a cessé depuis longtemps de les considérer comme des chérubins, plutôt comme des dangers à l’ordre public. A la nuit tombée, quand on les croise dans les allées du marché de dembé, à la descente du marché de poisson, un de leur repère préféré, de se mettre à réciter des incantations. Lorsqu’on les aperçoit dans le noir, à la gare comme des imams attendant l’heure de prière. Pourtant, les enfants de la rue savent faire d’autres choses que d’effrayer la population. Au grand marché et au marché à mil, on rencontre les oignons, les cannes à sucre, les pamplemousses etc. dans des brouettes par ci et des poussepousses par là. Ils transportent dans tous les sens les marchandises. D’autres encore le font en prenant ces marchandises sur leur tête. Ces porteurs travaillent seulement pour avoir quelques pièces d’argent qui ne peuvent même pas en contrepartie faire taire la faim ou soif de ces petits que la société observent sans aucune pitié.
ABSF
